La Peur, cette amie !

En séance individuelle, au sein de mon cabinet, il est fréquent que mes clients et moi finissions par découvrir que derrière les sentiments de frustration, de colère, ou de culpabilité se cache en fait un sentiment bien plus insidieux et très envahissant, la peur !

Ma question est alors immanquablement peu ou prou celle-ci :

à quoi votre peur vous sert-elle ? J’ai alors droit à un coup d’œil perplexe, un regard étonné … et bien souvent à la réponse suivante : « à rien ! » 

  • « mais alors…pourquoi est-ce si difficile de vous en débarrasser si elle ne vous sert à rien ?
  •     ….
  • Qu’allez-vous perdre si vous renoncez à votre peur ? »

…et c’est alors que le travail peut commencer.

Et petit à petit, mon ou ma client(e), regardant sa peur bien en face, et avec un regard somme toute beaucoup plus bienveillant et positif qu’à l’accoutumée, va réaliser combien sa peur lui parle, combien d’informations utiles elle lui procure. Il ou elle réalise combien le fait de se crisper sur cette peur en se défendant contre elle, ne lui donne que plus de place, lui permet de l’envahir, et de guider ses actes et ses sentiments.

Car, qui n’a pas eu le sentiment de devoir « se battre » pour accomplir son travail, de devoir « agir en force », passer outre son anxiété et la culpabilité qui l’accompagne pour réaliser les objectifs attendus ? Combien d’entre nous n’ont-ils pas, de ce fait, renoncé, sans le vouloir, à s’écouter et à écouter les autres, ? Car ils pensaient alors ainsi « garder le contrôle », fuyant cependant leur sentiment de peur, et renonçant du même coup à toute réflexion lucide, alternative, globale. L’anxiété sourde, comme la panique, résultent de cette défense que nous mettons tous en place contre la peur.

Or, si nous nous entraînons à reconnaître la peur, à nous détendre, et à l’accueillir, comme chacun de nos autres sentiments, notre puissance s’en trouvera paradoxalement, démultipliée.

Se détendre, accueillir et accepter sa peur nous permet justement d’en prendre le contrôle. D’une façon étrange, rester doux avec sa peur , cesser d’être crispé(e) sur elle, permet qu’elle ne prenne plus autant de place ; petit à petit, d’autres sentiments apparaissent et cohabitent avec elle, notre intellect est à nouveau en mesure de traiter toutes les informations qui nous parviennent de notre environnement, de nos diverses analyses et surtout de nos ressentis. De nouveau, nous sommes capables de réfléchir à des options, de construire des alternatives. Nous sommes capables de voir ou de créer des opportunités, de mesurer les risques et de prendre les actions les plus pertinentes.

Surtout, nous sommes reliés à nous-mêmes, mobilisant nos propres ressources pour répondre aux besoins intimes qu’exprime si justement notre peur ! A notre écoute, nous savons alors poser les précautions qui nous permettront d’agir en intégrité avec nous-mêmes, sachant dire « oui » ou « non » de façon congruente avec ce que nous sommes, sachant dépasser nos limites si nécessaire, toujours en conscience.

Si l’on se réfère à l’Analyse Transactionnelle*, mobiliser son Parent Nourricier pour qu’il écoute enfin de façon bienveillante la peur de l’Enfant, et lui donne les protections nécessaires, permet de remettre l’Adulte en énergie et aux commandes, d’agir ainsi au travail de façon juste, alignée.

Je préconise pour cela les techniques de centrage dans le corps et le moment présent, la méditation de pleine conscience et de l’amour bienveillant (Fabrice Midal), ou Metta, dans la tradition bouddhiste. Car l’amour bienveillant commence par celui que l’on porte à soi-même.

Si vous le souhaitez, continuons la conversation sur cette émotion si importante qu’est la peur, en commentaire ou en MP.

En savoir plus sur mes activités

* Analyse Transactionnelle : thérapie humaniste mise au point par Eric Berne dans les années 50 à 70. Elle est basée sur une théorie de la personnalité (les trois Etats du Moi et leur fonctionnement) et de la communication.